Iakoutsk

Publié le par Chatfleuri

Iakoutsk

Petit-à-petit, comme moi, Iakoutsk se casse la gueule.

Le pergélisol sur lequel est bâti la ville se dégèle,
Doucement,
Inexorablement.

Les pilotis de béton se sont plus assez profonds, et la ville tangue au sous-sol mouvant. Avec le réchauffement climatique, il ne fait plus assez froid à Iakoutsk. On peut même y avoir chaud en été.

Ce n'est pas encore flagrant, mais les traces sont là : Immeubles fissurés, murs qui penchent, routes qui gondolent et canalisations rompues. On refait les rues, on ravale les bâtiments d'État, mais Sisyphe perd la partie en douce.

Dans le fond, qu'importe cette ville perdue au milieu de la Sibérie, fondée par des trappeurs, administrée par des Cosaques, et que les mines et le Goulag ont enrichi ?

Tout et rien.

Je me sens un peu comme Iakoutsk. Bâtie sur un sol que l'on croyait éternellement gelé, et qui ne l'est plus si éternellement.

Comme dans les Lettres de Sibérie, tel Chris Marker, mon cœur filmé mais muet se voit poser des mots qui en changent l'image, qui elle ne change pas : Iakoutsk est un monstre, Iakoutsk est une merveille, Iakoutsk est une ville comme tant d'autre. Mais pour connaître Iakoutsk, il faut y aller.

Faut en vouloir pour aller voir Iakoutsk. Faut en vouloir pour subir son isolement, son froid, sa solitude. Mais il y a de l'or et des diamants. Peut-être la vie aussi, malgré les conditions hostiles.

Mais quand le Pergélisol aura entièrement dégelé, que deviendra Iakoutsk ? Sera-t-elle encore debout ?

Je me sens un peu comme Iakoutsk.

Mais au final, qu'importe Iakoutsk ?

Publié dans Textes poétiques

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