Des cailloux dans les poches

Il fut un temps pas si lointain,
Quand j'étais enfant, encore un gamin
Où je ramassais des cailloux au bord des chemins,
Les rangeais dans mes poches et y fourrais les mains.

Je faisais rouler ces galets au creux de mes paumes,
Trouvant, dans la caresse des roches, un baume
À mes fréquentes angoisses de môme,
Bien plus que dans les paroles des grandes personnes.

À la maison, je les passais sous un filet d'eau tout doux,
Sublimant la beauté de ces simples cailloux :

Nacrés, moirés,
Brillants, scintillants
Ténébreux, mystérieux...

Ils devenaient alors saphirs, émeraudes et diamants,
Autant de trésors que j'offrais à ma maman
Qui les prenais, feignant de s'extasier devant.

À mes yeux, des trésors, pour elle, juste des cailloux.

Je ne ramasse plus de galets, je pêche des mots doux
Que je fourre avidement dans mon cœur tout mou tout mou.
Et si je fais couler sur eux un filet de sentiments fous,
Ils deviennent paroles d'amitié simple et de tendresse
De désir couvant sous de discrètes caresses
Et de baisers longs malgré le temps qui presse.

À mon cœur, des trésors, au tien...