Des rêves et dérives

Je rêve d'un toit invisible, en courbes parfaites, qui ne peut être admiré que sous la pluie.
Je rêve de jambes vêtues d'un voile d'air pour avoir bien chaud.
Je rêve de corps mis à nus pour que personne ne les regardes.
Je rêve d'art idiot indispensable car totalement inutile.
Je rêve de signes de pauvretés devenus apanage des riches alors que les pauvres sont contraints d'arborer le somptuaire.
Je rêve de prières dans toutes les maisons dont l'Éternel a disparu.
Je rêve d'amitiés qui ne se cultivent pas.
Je rêve de paix qui ne sont pas le fruits de guerres.
Je rêve d'un monde qui s'arrête pour pouvoir enfin tourner.
Je rêve tout cela en quatre heures pour donner libre cour à l'insomnie.
Je rêve que la raison est folle alors que la folie résonne et raisonne.
Je rêve que mon cœur, par toutes et tous, est labouré, labouré, sans que personne ne sème.
Il est temps que l'on y dorme.
Il est temps que l'on y s'aime.