Les raisons de la réserve

Publié le par Chatfleuri

Tu sais, je n'ose plus aimer
Tellement j'ai été égarée
Par de vaines illusions
Sur des chemins perdus
Et des impasses sans retour.
Je me suis tellement heurtée
À ces murs d'incompréhension
Que ma poitrine s'est fissurée
À ne plus pouvoir encaisser
Le moindre soupir déçu de plus.
Du moins, c'est l'impression qu'il m'en reste.
Le calice de mon cœur s'est asséché
Et prends la poussière,
N'étant plus abreuvé
Par les liqueurs des sentiments.
Mes mains s'ankylosent
De ne plus caresser d'autres peaux.
Et mes bras, qui perdent leur souplesse,
À se recroqueviller contre ma poitrine,
Condamnés à la crainte d'envahir l'espace de l'autre,
Condamnés à gêner dès qu'ils se déploient,
Condamnés à ne plus oser conquérir l'enlacement auquel ils aspirent.
La neurasthénie et la léthargie guettent
Mon corps qui se languit
De ne plus goûter le souffle des frissons.
Mes pieds refusent d'avancer plus,
Par trop habitués de ces chemins
Tapissés d'épines dissimulées
Et ne menant nulle part.
Mes yeux regardent encore les beautés cachées
Mais pour combien de temps encore ?
Tant ces visions interdites ne peuvent être touchées, frôlées,
Tant les amours d'autrui blessent ma vision de flèches jalouses,
Tant les autres yeux ne regardent pas les miens.
Et ma bouche parle encore
Mais n'a plus grand-chose à raconter,
Elle qui souhaite rire, qui souhaite embrasser,
Elle qui souhaite chanter les mots bleus
Et ne sais plus que gémir les mots du blues
Qui ne sait plus que se lamenter.
Parfois, j'ai même peur
D'oublier ce qu'est
De s'oublier pour l'autre,
D'aimer.
Tu sais, je n'ose plus aimer.
Il te faudra me réapprendre
À l'oser.

Publié dans Textes poétiques

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