Travesti? Moi? Pas si sûr!
Un homme habillé en femme, cela peut soulever bien des questions.
Déjà, comment le qualifier? Car bien entendu, il faut mettre une étiquette à ça! Le mot est tout trouvé: travesti. Et pourtant, moi même, je ne me considère pas comme travesti. Car le travestissement implique la notion de déguisement. Et là, la faille apparaît, car je ne me déguise pas en femme. Je porte des vêtements féminins car je me sens tout simplement plus à l'aise ainsi vêtu. Dans cette notion de déguisement, le terme de travesti s'applique fort bien aux personnages de "Certains l'aiment chaud" ou de "Madame Doubtfire". Ils se déguisent en femme, pour faire croire (et ils y réussisent fort bien!) qu'ils sont des femmes. Cependant, ce sont malgré tout des hommes, et qui restent hommes sous leur déguisement. Une pratique équivalente devient de plus en plus visible, il s'agit du "cross-dressing", qui peut se traduire par "habillage croisé". en clair, ce sont des hommes qui, épisodiquement, se transforme littéralement en femmes par les vêtements, le maquillage et diverses prothèses. Il s'agit, à mon sens, d'une version un peu actualisée du travestissement à l'ancienne, et surtout affublée d'un nom anglo-saxon pour faire plus "in"! Mais ces hommes aussi restent hommes. Ils poussent juste l'art du déguisement jusqu'à une certaine perfection, un certain raffinement... Je ne parlerais pas non plus des travestis qui se produisent en spectacle de cabarets, ou en boîte de nuit comme les drag-queen. À l'opposé de la finesse du cross-dressing, il s'agit ici de l'outrance du spectacle. Mais là encore, il s'agit d'un déguisement. La soirée finie, le costume est rangé.
Je ne cherche pas à paraître femme, je ne me déguise pas. Je ne peux à ce sens être qualifié de travesti.
Une deuxième image qui peut venir est celle du trans. Transgenre, voire transsexuel. Dans cette deuxième catégorie, nous pouvons a la rigueur y voir le célébrissime personnage de Albin, alias Zaza Napoli, dans "La cage aux folles". Ce personnage allie un look féminin à une homosexualité flagrante. Il va même très loin en ne se considérant quasiment pas comme un homme mais comme une femme. L'apparence se confond avec l'identité de genre. En dehors de ce personnage, caricature même de l'efféminisation, Une population de plus en plus importante avoue ne pas se reconnaître dans son sexe de naissance. Il y a opposition entre ce sexe, et le genre auquel on s'identifie, et on aspire de plus en plus ouvertement à changer de sexe physique.
Je ne désire pas changer de sexe. Je ne me sens pas femme non plus. Tout au plus, je laisse vivre mon côté féminin, celui de tout homme: Laisser libre cours aux émotions, apprécier aussi d'autre activités et d'autres couleurs que celles assignées aux mecs, etc. Je ne peux donc être qualifié de transgenre non plus.
Le dernier point qui peut être soulevé est tellement simple et basique, tellement primaire qu'il fait sourire. Il est une évidence même. Une femme qui porte un pantalon en jean, des baskets et une chemise (ou un sweat) est-elle pour autant travestie? Est-elle transgenre? La question ne se pose même pas. Et pourtant, qui se rappelle que le port du pantalon pour les femmes, hors profession le nécessitant, n'est devenu courant que depuis le milieu du 20ème siècle? Lorsque une femme s'habillait ainsi au début de ce 20ème siècle, elle choquait les bonne moeurs! Que de chemin parcouru depuis!
C'est dans ce genre de cas de figure que je me reconnaît: sans renier ma masculinité, je porte jupe ou robe par le fait que j'aime tout simplement être habillé ainsi! Et j'ai bon espoir que dans un futur très proche, les hommes puissent s'habiller de cette manière tout naturellement, sans que la question du genre, de la sexualité ou de la normalité ne se soulève comme c'est le cas actuellement pour les femmes en pantalon.